Entretien avec Ndiaye Dia - SALTIS 2025 : vers une souveraineté numérique africaine structurée et inclusive

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Mamadou DIagne

11/23/20253 min read

À quelques jours de la quatrième édition du Salon de l’Intelligence Artificielle et des Technologies Innovantes du Sénégal (SALTIS), l’ambition affichée n’a jamais été aussi forte. Pour Ndiaye Dia, co-initiateur de l’événement et fondateur de l’Institut des Algorithmes du Sénégal, le SALTIS s’inscrit désormais au cœur d’une stratégie continentale visant à poser les bases d’une véritable souveraineté numérique africaine.

« Cette édition s’inscrit dans une ambition très forte : fédérer l’écosystème des acteurs de l’innovation technologique en Afrique, et plus particulièrement au Sénégal », affirme-t-il. Pendant deux jours, le SALTIS réunira chercheurs, experts, entreprises, startups, institutions publiques et investisseurs autour des enjeux liés à l’intelligence artificielle, aux algorithmes et aux technologies émergentes.

Une édition plus structurante

Pour cette 4e édition, l’événement prend une nouvelle dimension. Plus de cinquante intervenants issus du Sénégal, du continent et du reste du monde animeront conférences, panels et plénières.

Une innovation majeure marque également cette édition : la mise en place d’un comité scientifique composé de 100 experts, couvrant des domaines stratégiques tels que la cybersécurité, le big data, l’IA ou encore l’ingénierie logicielle. « L’objectif est de permettre à ces experts de contribuer concrètement à la dynamique du SALTIS et à la structuration de l’écosystème », souligne Ndiaye Dia.

Le salon accueillera par ailleurs 47 structures exposantes, témoignant de l’intérêt croissant des acteurs publics et privés pour le numérique appliqué.

Le PS Challenge : des solutions concrètes par les jeunes

Au-delà des débats, le SALTIS se veut un espace de mise en pratique. Depuis la première édition, le PS Challenge (Problématique – Algorithme – Solution) permet à de jeunes équipes pluridisciplinaires d’identifier des enjeux socio-économiques et d’y apporter des réponses grâce à l’IA et aux algorithmes.

« Nous voulons donner au SALTIS une dynamique très concrète », insiste Dia. Ce dispositif favorise l’émergence de solutions adaptées aux réalités locales tout en renforçant les compétences des jeunes talents.

Poser les bases de la souveraineté numérique africaine

Pour le fondateur de l’Institut des Algorithmes du Sénégal, la souveraineté numérique africaine passe par plusieurs prérequis incontournables : formation massive, recherche scientifique, maîtrise des données, interconnexion entre universités et entreprises, programmes d’alternance et de professionnalisation.

« Sans maîtrise ni souveraineté, les pays africains ne pourront pas bénéficier des avantages que le numérique offre », met-il en garde, illustrant l’impact potentiel de l’IA dans l’agriculture, la santé ou l’éducation.

Il plaide pour le développement d’IA “made in Africa”, entraînées sur des données africaines et adaptées aux réalités locales, notamment dans l’éducation afin de fournir des tuteurs intelligents contextualisés.

Kanalia : l’IA au-delà de Dakar

Autre grande innovation : le lancement du programme Kanalia, caravane nationale de l’intelligence artificielle. Sur douze mois, l’initiative parcourra toutes les régions du Sénégal pour démocratiser l’IA auprès d’enseignants, collectivités, agriculteurs et acteurs économiques.

« Nous avons constaté que le SALTIS était trop concentré sur Dakar. Nous voulons territorialiser l’IA et le numérique », explique Dia.

Une articulation avec la stratégie nationale

Pour la première fois, le SALTIS bénéficie d’un portage institutionnel du ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, en cohérence avec la stratégie nationale des nœuds technologiques horizon 2034.

Accompagner les jeunes entrepreneurs

Au-delà des technologies, Ndiaye Dia défend un accompagnement accru des jeunes entrepreneurs numériques.

Selon lui, l’accompagnement doit d’abord être institutionnel, en facilitant l’accès au marché avant même le financement. « Un entrepreneur qui accède au marché peut créer des revenus et employer des jeunes », rappelle-t-il, insistant sur l’impact économique et social potentiel.

Le SALTIS ambitionne ainsi de devenir un catalyseur de synergies entre entrepreneurs, investisseurs, universités et institutions.

Entretien à suivre sur ce lien https://youtu.be/c6ZfjAX3wKg